Poésie - 66 pages - format 11x18 - papier bouffant 110 g
Christophe Bregaint est né en 1970 à Paris. Il écrit depuis plus de vingt années tel un acte militant continuel opposant la poésie au superficiel. Son engagement auprès de la population démunie s'est notamment traduit par la coréalisation d'un ouvrage en 2016 ayant pour titre « DEHORS » réunissant 107 auteurs en soutien à l'association Action Froid (la poésie au secours de la précarité).
Christophe Bregaint, par ses textes, est présent dans de nombreuses revues de poésie et sur les réseaux sociaux où il publie régulièrement. Il organise aussi des lectures dans divers lieux parisiens.
" Mes poèmes sont parus dans plusieurs dizaines de revues papier et numérique. J’ai publié trois recueils de poésie : en Octobre 2015 « Route de Nuit » (Éditions La Dragonne), en Octobre 2016 « Encore une nuit sans rêves » (Éditions Les Carnets du Dessert de Lune), en Avril 2017 "A l'avant-garde des ruines" (Éditions du Pont de l'Europe). Co-auteur de l’anthologie « Dehors » : 107 auteurs pour l’association Action Froid (Éditions Janus, publié Mai 2016), un de mes textes figure dans l’anthologie « 101 poèmes (et quelques) contre le racisme » (Le Temps des Cerises, 2017)."
https://www.recoursaupoeme.fr/christophe-bregaint-a-lavant-garde-ruines/
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Il y a une colonne d'ombres
Silencieuses
Comme un clou
Dans l'écran plasma
De nos lumières
Leurs mains tracent
Des mystères
À même la terre
Couverte du sang des anciens
Sur la Cordillère des Andes
Marchent les orphelins de Cusco
Ayant pour toute possession
Le creux des bras immenses
Du soleil
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Par Cristian Ronsmans, critique et auteur belge
à propos de "A l’Avant-garde des ruines" :
Du monde du néant dont nous émergeons, l’auteur nous convie à nous confronter à un mode de la réalité qui ne vaut guère mieux. Voire pire.
Le style de Christophe Bregaint est incisif et clair. Il dénonce l’imposture dont nous sommes les acteurs à notre corps défendant pour certains et librement consenti pour la majorité dans une volontaire servitude.
Le feu prométhéen s’est perdu et nous conduit à vivre dans un monde souterrain. L’horizon n’est plus le lieu de la prophétie qui entrevoit un monde meilleur car le regard ne peut que se poser sur le passé. C’est seul le passé que l’on peut voir et, dans le fond, le futur selon l’auteur, à juste titre, est déjà derrière nous. Dans une utopie sans avenir.
Il y a une grande désespérance dans ce poème qui interdit de vieillir en restant jeune.
Le dogme religieux ou païen est un cataplasme à effet placebo.
A l’avant-garde des ruines il ne reste que des fantômes dans le besoin de « survivre » qui ferme la porte au désir de « vivre ».
L’amour de l’autre et l’amour d’un autre « Possible » sont balayé sur un horizon qui s’ouvre sur une impasse.
Christophe Bregaint nous convainc qu’il ne nous reste que l’horreur d’un insupportable dégoût pour supporter l’innommable L’Innommable !!
Entre souffrance et cynisme l’auteur oscille. Quel pari prendre ? Quel parti dans cette impasse. Et Christophe Bregaint semble se rallier à l’idée que les dés sont jetés et l’histoire à venir déjà écrite.
Dans ces poubelles où l’homme surnage à l’affût de la moindre parcelle de nourriture céleste, il faut néanmoins affronter cet inconnu qui dévore l’être, à défaut de lui bouffer son existence qui n’est déjà plus que rebut.
Peut-être que resserrer les liens entre miséreux de l’âme perdue serait une issue vers la sortie du chaos. L’auteur nous dit que le passé était lui aussi un présent annonciateur d’un futur qu’il ne pouvait ou ne voulait voir. Mais les faits sont là et têtus.
La peur s’installe. La peur d’être gagné par la folie qui brûle de l’intérieur.
Le crépuscule des idoles païennes est en marche. Rien ne l’arrêtera.
Le poète est seul devant l’affliction au creux de sa tombe dont émerge le sang de ses plaies qui vient inonder la terre comme un dernier témoignage. Celui de Christophe Bregaint !
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Par Carole Mesrobian, Professeur de Lettres classiques.
Carole Mesrobian poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’université Paris Diderot.
Un recueil léger, aérien, de belle allure, avec un portrait de l’auteur en couverture. A l’avant garde des ruines dessine son petit volume sur fond blanc, accompagné de cet horizon d’attente, annoncé par le sous titrage qui classe in médias res les textes dans la catégorie « Poésie ».
Le lecteur ne sera pas déçu. Rares sont encore les poètes qui, en si peu de mots, déploient tant de puissance évocatoire, de landes aux horizons des terrains vagues, de paysages où se perdre devient suivre une errance qui sanctifie le passage du Styx.
Hors de la lueur
Le paysage s’ouvre
Sur
Un échantillon de mort
Se referme
Sur les lointains
L’enfer
Répète des oraisons
Tu renais
En lui
Christophe Bregaint , A l’avant-garde des ruines, Editons du Pont de l’Europe, 2017, 65 pages, 10 €.
Agencées tel un espace scénique au décor minimaliste, les pages immaculées offrent aux quelques mots parsemés, justifiés à gauche, une étendue de silence. Pour être rares, les mots qui composent les vers de Christophe Brégaint n’en sont pas moins puissants…Le texte liminaire, comme les autres, sème quelques phrases qui trament avec l’espace scriptural de la page l’architecture totémique du poème :
Aride
Au bout
De la route
L’imposture
Des feux
Dans
Sa gorge
Grise
Là
Comme
D’autres
A contresens
De ta frêle nacelle
Tu y vas tomber
Le ton est offert dès l’abord. Se regardant voir, le poète se dévoile sans pour autant céder aux facilités d’un lyrisme pesant. La mise à distance permise par le pronom personnel de la deuxième personne du singulier aide, certes, à porter cette réflexivité du regard. Mais ce dispositif est également soutenu par l’emploi d’un lexique riche, sans pour autant être précieux. Des mots percutants, des jeux avec les heurts des syllabes, la place de ces quelques substantifs déposés comme on appose des petits coups de ciseaux à un marbre. L’objet sculpté y est parfait, rien ne vient en ternir la puissance, et l’ensemble forme un univers où le cri n’a jamais été aussi mesuré, étouffé, tout en déployant autant de puissance.
Que vienne
Le dépit
Tu lui donneras
Quelques munitions
S’il n’en a plus
Suffisamment
Puisque
Tu ne comptes plus
Leur nombre
Tout au long
De tes jours et
De tes nuits
En sentinelle
Exposée
Au souffle
Du chaos
Confessions d’un être qui unit ses tentatives d’affronter l’indicible au groupe humain, en une fraternité énoncée par le pronom de troisième personne « on ». La promptitude ne brusque pas la mesure du texte, au contraire, elle en dévoile l’intensité, dans une avancée vers l’imparable chute. Car n’oublions pas l’engagement de Christophe Brégaint, militant de toujours, qui agit sans compter lorsqu’il s’agit de soutenir l’association Action Froid. Il est en effet l’initiateur, aux côtés d’Eléonore Jame, d’une anthologie qui réunit 107 auteurs, Dehors, recueil sans abri, dont le parrain est Xavier Emmanuelli. Alors, l’absurdité de la misère, toujours et encore si prégnante pour tant de nos frères en ce monde, il la côtoie, il la mesure, il la sent, palpe et jouxte. Cette problématique soutient l’architecture sémantique de nombre de ses textes.
Le silence
Une chimère
Vous apporte
Toute l’horreur
Du monde
Celle-ci
Fleurira sur
Tous
Les bonheurs
Les sourires
Les amours
Les paix
Un passé
Devenu énigme
Un lexique sans dissimulation et pourtant dans sa ténuité, dans sa nudité, ce poème énonce la globalité de nos échecs, ce « passé devenu énigme », puisque tout perdure, la misère et les guerres. Comme un éclat pur de cristal, ici enclos, le cri, à nouveau, mais, celui-ci, transpersonnel, pour l’humain. Et puis, cet horizon clos, puisque tout perdure :
Christophe Brégaint parle le langage d’une humanité aboutie, puisque c’est « Cet invisible serpentant Au milieu D’un ciel qui Craque » qu’il appelle, en si peu de traces écrites, sous l’impuissance de la parole. Politique avant d’être lyrique, ce cri n’est autre que celui de nos semblables. Ainsi offrons lui le privilège des dernières lignes de ces quelques propos qui, je l’espère, rendront hommage au recueil, aussi bien qu’au poète, discret et engagé :
Il y a une colonne d’ombres
Silencieuses
Dans l’écran plasma
De nos lumières
Leurs mains tracent
Des mystères
A même la terre
Couverte du sang des anciens
Sur la cordillère des Andes
Marchent les orphelins de Cusco
Ayant pour toute possession
Le creux des bras immenses
Du soleil